Mon éco-anxiété en 1993… Des sujets qui déjà m’interpelaient ! Voici une courte rédaction écrite en 1993 à l’âge de 14 ans.
Sur le bord de la route, un homme est assis. Seul, il pense. Pleure-t-il ou est-ce l’eau du ciel qui coule le long de ses joues ? Il pense et se souvient.
Il se souvient de sa vie passée qui n’aura servi à rien. Machinalement il remonte la couverture sur ses épaules. Un héron se pose près de lui.
Lui aussi a l’air triste. Le héron regarde l’homme et l’homme regarde le héron. Puis l’homme détourne la tête et le héron s’envole.
L’homme se souvient comment tout cela a commencé. La forêt si dense laissait filtrer les chauds rayons du soleil. Elle était animée d’une vie intense tout en étant calme et sereine.
Les abeilles butinaient les fleurs aux mille couleurs : les violettes succédaient aux perce-neige et jonquilles et précédaient les jacinthes des bois, si odorantes, et les primevères printanières.
La forêt se couvrait alors d’un tapis doré, l’herbe y était tendre et il faisait bon s’asseoir à l’ombre d’un feuillu.
Les animaux vivaient en paix et couraient dans tous les sens. Il fallait quand même rester discret pour apercevoir une horde de chevreuils ou un renard se glisser doucement dans une coulée de lièvre.
Mais, par une douce nuit de printemps, un arbre tomba, ou plutôt, deux hommes et une tronçonneuse firent tomber l’arbre. Ils abattirent les arbres et entassèrent les fûts après avoir coupé les branches. Ils ne s’arrêtèrent pas là. Ils emmenèrent les bois. Les fleurs avaient été écrasées par les grues et les bûcherons.
Les animaux furent attrapés en mis en cage. Ils furent portés sur des gros camions et disparurent au bout de la route.
Les seuls animaux qui ont pu s’échapper n’ont maintenant plus d’endroit où vivre.
Le silence s’installa, le ciel devint gris et le soleil ne brilla plus.
L’homme se rappelle également les manifestations devant la mairie du village, les pétitions qui n’aboutirent pas, le porte à porte.
Il était aussi allé dans les écoles pour avertir les enfants, car les adultes lui avaient claqué la porte au nez.
Mais les enfants préféraient un parc d’attraction plutôt qu’une forêt… Et, après la forêt, ils s’attaquèrent aux champs.
La pluie cesse mais l’homme continue de pleurer. Tout ce qui était sa vie s’écroule tout autour de lui.
Plus tard, le héron reviendra vers l’homme assis, car il ne sait où aller.
Mais l’homme n’est plus là…
0 commentaire